Le développement des cabinets CGP : interview de Denis Carletti et Yoann Moulin
Comme chaque année, Aprédia réalise et édite des études destinées à suivre l’évolution des professions CGPI et Courtiers d’assurances. Le numéro du 24 septembre 2025, consacré au « Développement des cabinets des CGP », intègre une interview de MMA Expertise Patrimoine.
Denis CARLETTI, Responsable national MMA Expertise Patrimoine et Yoann MOULIN, Directeur Commercial des réseaux Vie Covéa, vous livrent leur vision du développement des cabinets de conseil en gestion de patrimoine, en mettant en lumière les leviers essentiels pour une croissance durable.

Responsable national du réseau MMA Expertise Patrimoine

Directeur Commercial des réseaux Vie Covéa
Sources :
- APRÉDIA
- DEVELOPPEMENT DES CABINETS CGP : La Gestion et le Management, leviers de croissance
Quels résultats avez-vous enregistrés au premier semestre 2025 ?
Denis CARLETTI : Les résultats sont au rendez-vous ! Pour bien comprendre le bilan du premier semestre 2025, il faut rappeler que 2024 a été une année exceptionnelle, marquée par une croissance de 50% de notre chiffre d’affaires et par l’arrivée de nouveaux partenaires actifs.
En 2025, notre priorité est de consolider ces partenariats. Durant les six premiers mois, nous avons organisé une dizaine de formations validantes sur l’ensemble du territoire.
Côté offre, chaque année, nous proposons trois périodes de référencements, comprenant chacune 5 à 10 nouvelles unités de compte(1), et 3 à 6 produits structurés. Nous avons également lancé une campagne d’épargne à taux boosté en février sur le support en euros cumulable au bonus de rendement.
Sur le plan « outils », notre extranet est entièrement digitalisé et nous continuons à l’enrichir. Début 2025, nous avons ajouté une fonctionnalité permettant d’intégrer un payeur différent du souscripteur dans le parcours digital.
Pour les CGP, la qualité service clients participe à la bonne gestion de leurs cabinets. Comment est organisé votre service et quelles prestations offrez-vous à vos partenaires ?
Yoann MOULIN : MMA Vie est une compagnie multi-réseaux, mais toute l’offre MMA Expertise Patrimoine est exclusivement dédiée aux CGP et courtiers.
Nous avons mis en place un dispositif spécifique reposant sur deux piliers :
-> Un service client dédié et adapté aux spécificités des CGP ainsi que 13 chargés de relations partenaires disponibles sur l’ensemble du territoire.
-> Une délégation des actes de gestion, permettant aux partenaires de saisir eux-mêmes les informations via notre extranet courtage, pour plus de réactivité.
Ce modèle « phygital » est largement reconnu et apprécié par nos partenaires.
Le recrutement et la gestion de collaborateurs est parfois difficile pour les CGP. L’observez-vous ? Pouvez-vous les aider à trouver de bons profils ?
Yoann MOULIN : C’est un constat que nous partageons. Le marché de l’assurance vie est très attractif. De son côté, le marché du travail est en tension et il devient difficile de recruter des profils compétents. Il arrive que des cabinets demandent à leur inspecteur de venir assister au recrutement de leur conseiller financier. Ce n’est pas une démarche systématique et l’inspecteur ne fait que donner un avis consultatif à la demande du CGP.
Quels sont, selon vous, les leviers d’un développement réussi pour un cabinet CGP ?
Yoann MOULIN : En complément d’une base de prospect cible bien défini au départ, un élément important pour un CGP qui s’installe est de bien mesurer la nécessité de la mise en conformité réglementaire de son cabinet.
Ensuite, nous constatons qu’il y a différentes formes de développement dans la profession mais beaucoup se joue sur l’apport d’expertise et de proximité que peut proposer le CGP dans un univers concurrentiel fort.
Les leviers de développement devront tenir compte d’un côté des investissements nécessaires à disposer de processus de vente fluide intégrant les exigences de conformité réglementaire et le bon dimensionnement de l’équipe du cabinet pour pouvoir absorber une croissance externe ou un afflux de nouveaux clients liés, par exemple, à l’interprofessionnalité.
Comme évoqué le conseil patrimonial doit être considéré comme un actif stratégique. Il repose sur une approche globale, personnalisée et durable. La rigueur, la conformité, l’innovation, la proximité et la confiance sont les piliers d’un modèle de distribution à forte valeur ajoutée perceptible par chaque client.
Accompagnez-vous vos partenaires dans leur développement ?
Denis CARLETTI : La dizaine de formations validantes proposée à nos partenaires depuis le début d’année est un levier important, combinant montée en compétence, découverte de nos outils et les nouveaux produits que nous lançons.
Beaucoup de cabinets CGP fonctionnent soit sous une forme unipersonnelle, soit avec des équipes réduites. Ils sont absorbés par le réglementaire et la gestion courante du cabinet. Nos outils marketing offrent une forme d’accompagnement très appréciée.
C’est pourquoi nous mettons à leur disposition des courriers et emailings prêt à l’emploi pour qu’ils puissent réaliser et mener des campagnes en direction de leurs clients. Cela peut être le cas, par exemple, lorsque des supports à formule sont rappelés ou encore pour des campagnes de reversement sur le PER. Et grâce à l’outil de requêtage, dans notre extranet, le CGP seul, ou avec l’aide de son inspecteur, peut cibler une partie de ses clients.
Quel rôle l’intelligence artificielle peut-elle jouer dans l’évolution du métier de CGP ? Des CGP s’en méfient-ils ?
Yoann MOULIN : Nous savons que le métier de conseiller en gestion de patrimoine est en pleine mutation. Demain, l’intégration de l’intelligence artificielle, de l’analyse prédictive et des outils ESG deviendra incontournable dans le quotidien des professionnels. La relation client évoluera vers un modèle hybride, combinant services digitaux et proximité humaine — un atout majeur des CGP.
La réglementation, de plus en plus exigeante, continuera de se renforcer, tant pour les CGP que pour les institutions financières, imposant davantage de transparence et de traçabilité. L’IA permettra vraisemblablement d’automatiser certains processus permettant d’absorber par les CGP ces charges complémentaires. Nous pouvons noter aussi que malgré certaines avancées, l’éducation financière reste encore insuffisante en France. Dans ce contexte, le rôle du CGP s’affirme comme celui d’un véritable coach patrimonial, capable d’accompagner ses clients sur des enjeux à la fois financiers, sociétaux et environnementaux.
Les CGP incarnent à la fois le conseil et la performance. Leurs clients recherchent avant tout une relation de confiance, fondée sur l’expertise et la proximité. Si le digital peut répondre à certains besoins simples — comme consulter la valeur d’un contrat sur un site internet ou effectuer des opérations courantes —, il ne remplace pas la relation personnalisée qu’offre un CGP. Contrairement aux agences bancaires ou à la banque privée, où les intermédiaires sont nombreux, le CGP offre un lien direct, avec une expertise sur des sujets complexes (financiers, fiscaux, etc.), garantissant ainsi une gestion patrimoniale de qualité.
Leur capacité à valoriser leur conseil, à justifier des frais, et à entretenir une présence régulière auprès de leurs clients, leur confère un positionnement unique.
L’intelligence artificielle ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme un levier. Elle permettra aux CGP de disposer d’outils plus performants, de gagner en efficacité, de réduire leurs coûts, de limiter leurs déplacements et d’anticiper davantage les besoins de leurs clients.
Quels sont vos objectifs pour le second semestre 2025 ? Que voulez-vous apporter à vos partenaires CGP ?
Denis CARLETTI : Notre objectif premier est de consolider nos partenariats avec les CGP, ceux nouvellement acquis comme ceux plus anciens. Mais nous restons bien sûr ouverts à de nouveaux partenariats.
Nous avons aussi pour ambition de continuer à gagner des parts de marché, dans la continuité de notre dynamique de 2024.
Nous allons poursuivre nos événements à forte valeur pédagogique, renforcer la proximité terrain avec nos 22 inspecteurs et 13 chargés de relations partenaires, et continuer à améliorer notre extranet.
Et pour finir, depuis septembre, une nouvelle série de supports en unités de compte(1) et de fonds structurés, est disponible. Et une nouvelle campagne épargne a démarré. Nous vous invitons à la découvrir sur notre site en cliquant ici.
(1) Les montants investis sur les supports en Unités de Compte ne sont pas garantis mais sujets à des fluctuations à la hausse comme à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers. Cet investissement peut entraîner un risque de perte en capital supporté par l’adhérent.